Interview - Tancrède

Pour la troisième fois en moins d'une minute, la journaliste regarde sa montre. La personne qu'elle doit interviewer est en retard.

Elle allait abandonner et partir lorsqu'une silhouette tomba littéralement du plafond directement sur le fauteuil en face d'elle.
Surprise, la femme retint un petit cri étouffé. Devant elle se tenait un jeune homme dans la vingtaine, au teint basané et au regard bleu perçant. Trois énormes cicatrices lui barrait tout un côté du visage et il était brun, le crâne rasé à l'exception d'une mèche rappelant la couleur de ses yeux relevée au gel sur le devant de son crâne.
Il avait tout du voyou de gang, le jean sombre, les piercing et la veste en cuir noir ne faisant pas exception.

– Vous... vous êtes vraiment Le Proxénète ?

Le jeune homme se mis à l'aise et s'avachi dans le fauteuil pour répondre.

– Nope. Moi c'est Stanislas, "Le Dealer" ! Je suis venu répondre aux questions sur mon collègue ! En passant, sympa votre projet d'interview bénévole pour les sans abris !

– Euh, de rien. Il faut dire que le sujet intéresse beaucoup les SDF et moins les autres... on a entendu dire que vous ne vouliez pas être connus du grand public ?

– Ben ouais. Normal, non ? La plupart des gens n'ont pas le temps de penser aux personnes qui vivent dans la rue alors ce qui les concerne eux ne concerne pas les autres. Il s'agit de deux monde bien distincts, on ne veut pas être connu dans un monde où on apporte rien. C'est déjà pénible de devoir gérer notre célébrité dans le milieu de la rue...

– Pénible dans quel sens ?

Le jeune homme la dévisagea.

– Ben, on est quand même sous couverture. Les infiltrations sont plus compliquées si les gens savent qui vous êtes...

Stanislas se rassit correctement. La journaliste ouvrit la bouche, mais il l'arrêta d'un geste.

– Ok, vous êtes là pour parler de mon collègue, non ? Alors envoyez les questions, ne perdons pas plus de temps.

– Hum, o-ok. C'est votre collègue, ou votre ami... ou les deux ?

– Les deux, mon général !

– Quel est son nom ?

– Son prénom est Tancrède.

– Vous avez formé un trio tous ensemble ou bien au fur et à mesure ?

– Au fur et à mesure. Il n'y en avait qu'un, nous sommes aujourd'hui trois.

– Qui est arrivé en premier ? En dernier ?

– Le premier a répondu aux questions sur moi la semaine dernière et Tancrède est le dernier arrivé.

– Savez-vous ce qu'il aime le plus dans son travail ?

– Sauver les gens. Il a gagné son surnom en infiltrant le milieu de la prostitution, comme vous devez vous en douter...

– Pourquoi ce choix ?

Le Dealer haussa les épaules.

– Il a failli perdre la vie à 24 ans lors d'une mission où il infiltrait un réseau de prostitutions. Le milieu et ses souffrances l'ont beaucoup touché je crois. Maintenant il dédie sa vie à libérer toutes les victimes de ce milieu pervers...

– Il est plutôt sucré ou salé ?

Stanislas la dévisagea une nouvelle fois, mais ne fit aucun commentaire. Il se contenta de répondre.

– Le sucré qu'il côtoie chaque jour cache tant d'amertume que je ne serais pas étonnée qu'il en soit écœuré. Donc salé.

– Connaissez-vous sa plus grande peur ?

– Tancrède est très secret. Mais tel que je le connais, ça devrait être en rapport avec « ne pas réussir à sauver des gens », soit échouer dans sa mission. Peut-être aussi que sa plus grande peur est son traumatisme, celui qu'il a vécu en frôlant la mort... je ne sais pas.

– Oh. Savez-vous qui est la personne la plus chère à ses yeux ? A-t-il seulement quelqu'un dans sa vie ?

Le jeune Combattant lui adressa un sourire narquois.

– Beau gosse, pas vrai ? railla-t-il, désolé mais cœur déjà pris ! Il est marié avec une Combattante de la GEMAS qui est sans l'ombre d'un doute la personne la plus chère à ses yeux. Il pourrait crever pour elle, sans la moindre hésitation.

– Je vois, eh bien merci beaucoup pour cet interview !

– Mais de rien !

Le jeune homme lui adressa un clin d'œil avant de disparaître aussi rapidement qu'il était arrivé...

 

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